Dans le bus
Un dernier billet ce soir avant que je n'oublie.
Dans le bus qui m'amène chez ma mère, une bande de jeunes (de banlieue, mais ce serait redondant de le préciser puisque ma mère habite en banlieue) est montée. L'un d'eux, d'environ vingt ans, était super mignon: belle bouche fine, beau nez presque droit, et de beaux yeux. Je suis sûr qu'il pourrait faire modèle si quelqu'un le découvrait (j'aimerais tant être découvreur pour une agence).
Il avait sa casquette vissée à l'envers sur sa tête. Il ne souriait pas, comme s'il était écrasé par le poids des responsabilités. A un seul moment, il a souri. A une personne qui est montée à un arrêt suivant. Je m'étais demandé si c'était à une fille. Non, c'était un jeune black, qui semblait populaire car il a salué tous les jeunes du bus. Non pas un serrage de mains, mais une tape, paumes ouvertes, doigts contre doigts, suivie d'une petite tape frontale, poing contre poing, le tout ne prenant qu'une petite seconde par personne.
Visiblement, le mec de vingt ans était content de le voir. J'étais un peu jaloux du black car il savait se comporter en société, être sociable et populaire, ne pas se prendre la tête et être ouvert. Ça se voyait; ce n'était pas un timide. En revanche, le mec mignon semblait timide, lui. Mais son sourire illuminait son visage; j'étais séduit. En tout cas, le black et lui semblaient bien se connaitre. Leur salut était légèrement différent: une tape, paumes ouvertes, doigts contre doigts, mais ceux-ci glissaient les uns contre les autres, puis, sans perdre le contact, se refermaient sur ceux de l'autre main pour former des crochets serrés. Le contact était donc permanent.
Je suis arrivé et descendu du bus avant lui.
Bilan : je l'ai bien regardé, discrètement, mais je n'ai pas agi. Comme d'hab.
Il ne restera que gravé dans ma mémoire.