Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le quotidien d'un gay trentenaire parisien
24 juillet 2007

... Juste envie de câlins

Je viens de retomber sur un petit magazine gratuit qui m'a été remis par un garçon plutôt mignon lors de la gay pride de Paris, le 30 juin dernier : il s'intitule "Le Culte de la Performance", avec un beau doublé pecs-abdos en converture (et une belle main aux ongles soigneusement coupés, je sais apprécier les belles choses!).

L'article en page 4 "Ouiiiiiiiiiiiiii!" par Patrick Thévenin, m'a interpellé. C'est l'histoire d'un bomec qui déprime, juste parce qu'il a "envie de câlins".

Je me permets de reproduire le texte ci-après, qu'on peut retrouver sur l'équivalent web du magazine :

« L’autre jour, mon ami Damien me confiait à quel point sa vie sentimentale et sexuelle était un désert.
Comme je m’étonnais qu’un mec de vingt-cinq ans, sexy et toutes ses dents, en arrive à ce niveau de désespoir, je finis par lui arracher les vers du nez: “C’est normal que je ne trouve personne, je ne suis pas hard, j’ai juste envie de câlins”. On en était donc là aujourd’hui: avoir presque honte d’avouer qu’on avait des relations sexuelles soft, quand le monde autour de soi, ne résonnait que de doubles pénétrations, de plans abattages, de bonnes salopes, de trips insultes, quand il ne s’agissait que de pimenter le tout avec des pratiques unsafe. Et mon pauvre Damien se retrouvait dans la position de celui qui avait à s’excuser de ne pas avoir envie de jouer avec des godes, de se faire pisser dessus ou de se voir insulter d’un “vas-y ouvre ta chatte”... Il avait juste un peu de mal à avouer qu’il avait envie de beaucoup de tendresse. On pourrait s’amuser de la situation, sauf que le malaise que révélait Damien était plus général.

Était-ce l’influence des films pornos où le respect pour son partenaire n’est pas inscrit dans le cahier des charges? La débauche de bites et d’anus en gros plan à laquelle nous a habitué Internet? Le culte actuel de la performance, toujours plus, toujours plus loin? Qu’importe, le malaise sexuel était là, et les garçons qui zappaient d’un mec à l’autre s’étonnaient que personne ne prenne le temps de s’attarder, ne serait-ce que cinq minutes, sur eux.

Didier, un autre ami, me racontait que son nouveau copain, qui avait dû collectionner plus de deux cents plans cul l’année dernière, était tout étonné de rencontrer un mec qui l’embrasse sur la bouche, enfin. Deux cents mecs avaient défilé chez lui, mais pas un seul n’avait pris la peine, tout simplement, de l’embrasser! Ce qui m’a rappelé ce garçon qui un jour m’avait raconté que ça le dégoûtait d’embrasser sur la bouche quelqu’un qu’il ne connaissait pas, alors que sucer n’importe quelle bite dans l’obscurité d’un bordel ne lui posait aucun problème. Vers où allons-nous? Est-ce désormais honteux de manifester la moindre tendresse à son partenaire d’un soir ou de cinq minutes? Le mot respect est-il désormais ringard chez les garçons qui aiment les garçons?

Du coup, je me suis dit qu’il fallait apprendre à savoir dire non. Savoir dire non lorsqu’on n’a pas envie de se faire sauter comme une brute... Savoir dire non si on n’a pas envie de sucer une bite si profondément qu’on s’en fait vomir... Savoir dire non “les partouzes, c’est pas mon truc” sans avoir à en rougir... Savoir dire non à un mec qui vous assure qu’il est sain et qu’avec lui on peut se passer du préservatif... Savoir dire non quand on vous propose un trip qui ne vous excite pas plus que ça... Savoir dire non quand on vous assure qu’avec des drogues, le sexe sera encore mieux... Savoir dire non à ce mec qui ne vous plaît vraiment pas dans ce sex club, mais comme il n’y a rien d’autre et qu’il faut bien rentabiliser le prix d’entrée... Savoir dire non lorsqu’on vous demande de faire quelque chose que vous n’avez pas envie de faire... Savoir dire non quand vous vous sentez humilié... Savoir dire non parce que c’est justement comme ça qu’on vous dira plus facilement oui.»

Lien: www.prendsmoi-mag.fr

Publicité
Commentaires
Le quotidien d'un gay trentenaire parisien
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité