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Le quotidien d'un gay trentenaire parisien
12 octobre 2008

Rencontre avec un sdf

Il y a deux semaines, j'ai croisé un mec qui faisait la manche à la station République. Contrairement à d'autres mendiants, il semblait propre et surtout il était vraiment musclé. Il me rappelait quelqu'un, mais je ne sais plus qui, quelqu'un que j'ai connu en réel ou à travers photos ou vidéos, je ne sais vraiment plus.
Je lui ai donné un euro puis je me suis laissé entrainer par le flot des voyageurs. Pincement au cœur.

De retour chez moi, la frustration de ne pas avoir pu lui parler et de mieux le connaitre m'est restée.
Comme d'hab le soir, j'ai dû jouer un peu à Warcraft 3. Puis vers minuit, cette frustration me taraudait toujours.
J'ai décidé de retourner à la station République, sans trop y croire, mais au moins j'aurais tenté, même si j'ai tardé à agir. C'était comme partir pour faire un plan, sauf qu'il n'y avait pas de plan cette fois.

Par la ligne 11, je suis rapidement arrivé à République. Et, agréable surprise, il était encore là, malgré l'heure tardive et la faible fréquentation de la station.
J'ai eu du mal à l'aborder tout de suite, mais je m'étais dit qu'il ne devait pas se souvenir de moi. C'est con, je mourrais d'envie de le revoir mais je ne voulais pas que ça se sût [imparfait du subjonctif, retrouvé sur leconjugueur.com].

Voilà, je lui ai finalement parlé. Dans le même moment, un type visiblement paumé, une bouteille ouverte à la main, passait et repassait. Lui aussi a fini par lui parler, moi à coté, témoin : "Mais tu es propre! Tu n'es pas un sdf toi".
Là dessus, "mon" sdf, énervé, l'a chassé. Pour lui, ce type n'était pas du même monde. Puis il embraya en me parlant de sa philosophie : il avait sa dignité, refusait d'aller en centre d'hébergement crasseux et revendiquait un logement décent impossible à avoir selon la mentalité et la frilosité actuelles.
Autre surprise, on a discuté informatique, quand je l'avais questionné sur ce qu'il savait faire. Administrateur-réseau. En en parlant, il avait débordé mes propres connaissances en la matière, même limitées. Je n'aurais jamais pensé à ça. Comme quoi les idées préconçues tiennent bon.

En tout cas, il n'avait pas l'air gêné de ma présence, s'il se trouvait qu'il devait simuler être un sdf. Je ne sais pas trop comment il vit, subsiste et reste propre, mais il a dû partir à l'approche d'une heure du matin, pour prendre son dernier métro vers le 15e arrondissement, vers son abri. Avant, j'ai pu lui demander son prénom et son CV s'il en avait un. Il m'a répondu "Patrice" et son site web en guise de CV : www.sdf75.fr. Et il partit.

Sur son site, on en apprend beaucoup de choses sur lui, mais aussi des choses utiles sur la situation d'un sdf pour se débrouiller. Patrice est sans-abris mais pas sans activité : il a appris l'informatique par les livres, à piloter des petits avions en club, et continue à pratiquer la musculation. Chapeau!

J'essaierai de le recontacter et pourquoi pas de l'aider, s'il lui fallait une adresse fixe pour faciliter la recherche d'emploi ou de le dépanner de temps en temps avec un abri en dur. Préalable à cela: ranger mon bordel... (Tâche aussi inaccessible pour moi que de se faire sa propre psychanalyse... Soupir.)

A suivre. J'espère.

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